mardi, 20 février 2007

LES MOTS BLEUS


Aussi loin que je me souvienne, les mots m'ont toujours transportée loin, très loin. Déjà les aventures de Oui-Oui ou du Club des 5 me faisaient décoller à des kilomètres du quotidien. Alors tu penses, quand tu tombes sur les mots d'un Nabokov, d'un Miller, d'un Djian, tu chavires complètement. Et quand je dis chavirer c'est presque un euphémisme, les mots ont des réactions physiques sur moi (et là, empêchez votre esprit tordu de s'imaginer n'importe quoi). Ca remue tellement loin à l'intérieur que j'en suis souvent surprise moi-même. C'est souvent la même impression: mes yeux galopent sur la page, et d'un coup, une phrase au goût incroyable me saute aux lèvres et mes yeux se ferment, tellement ils n'en croient pas leurs oreilles.
Ca marche aussi avec les mots des chansons, et si la mélodie tue, là je demande grâce. Des mots à la beauté pure, montés sur les joyaux d'une mélodie parfaite, c'est le seul bijou que je me vois porter tous les jours de ma vie.
Et ces derniers jours, le maître orfèvre s'appelle Nick Cave, je suis envahie par son univers, son parfum, son élégance. J'enveloppe mon intérieur des notes de "The Boatman's Call" et je laisse mon imagination gambader dans le mythe du couple Nick Cave/PJ Harvey. Et lorsque j'atterris, je jalouse ces mots que j'aimerais écrits pour moi:

I've felt you coming girl
As you drew near
I knew you'd find me
Cause I longed you here

Aussi simple que ça. Je ne sais pas très bien ce qu'ils font résonner en moi, mais je sais qu'ils trouvent un écho, quelque part dans une sphère où ma raison n'a pas prise. Alors je les laisse se glisser à l'intérieur, là où ils veulent, et je savoure leur goût sous ma langue.

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