samedi, 3 mars 2007

IN MOTION


Ces parenthèses suspendues dans l'espcace-temps, ce no man's land entre l'ici et là-bas, ces moments qui ne ressemblent à aucun autre: en suspens dans un habitacle en mouvement. En mouvement, rien que ce mot, magique, me fait déjà voyager.

Vous avez déjà remarqué comme ces instants de voyages sont particuliers? Comme ils développent des espaces d'intimité en accéléré avec les gens qui partagent ce bout de chemin. Ces incroyables conversations qu'on entame lorsque la voiture avale des kilomètres de route au coeur d'une nuit d'été, à la douceur du son du programme nocturne d'une quelconque station radio locale. On ouvre la fenêtre, on laisse le vent nous décoiffer et nos mains font des vagues, portées par le vent. Quel que soit le mode de transport, en solitaire ou en régiment, ce sont des moments toujours à part. Ou du moins, moi je les trouve à part.

Hier donc, presque 4h en suspension entre Lausanne et Paris, les fesses rudement installées sur un strapontin TGV. Mais attention, un strapontin de première classe. Marrant comme je n'ai constaté aucune différence majeure entre le strapontin 1ère et 2ème... si ce n'est le prix... quelle idée ils ont eu ces gens de tous vouloir voyager en même temps que moi! 3h40 pour cettre traversée en solitaire, à collectionner des fragments de vies, des bribes de conversations, des prénoms d'enfant, Flore et Arthus, des murmures téléphoniques pour rassurer l'amoureux inquiet: "oui, ne t'inquiète pas, je suis bien installée, j'arrive à Dijon dans 1h, je t'aime". C'est beau.

Plus tard, un siège first class se libère et ouvre ses larges bras pour accueillir ma frêle silhouette (argl, j'arrive jamais à retenir l'orthographe de ce mot). Je me laisse glisser, le paysage défile et les morceaux aussi... Toujours en minuscule, puisque comme le disait monsieur G: "la chanson est un art mineur":

- the rolling stones: "love in vain"
- tom mcrae: "one more mile"
- nick cave & the bad seeds: "west country girl"
- kate bush: "under ice"
- ed harcourt: "beneath the heart of darkness"
- songs:ohia: "the black crow"
- elliot smith: "let's get lost"
- the velvet underground: "i'm waiting for my man"
- my brightest diamond: "we were sparkling"
- tindersticks: "room 321"

Et déjà, les titres forment un scénario qui fait tellement sens, qui résonne loin.

Parfois le mode aléatoire réserve des mix à la beauté surprenante. Et puis parfois, je sais pas, ces bouts de paysages, ces bouts de mélodies, ces bouts de films qui défilent derrière mes yeux me racontent une histoire triste, alors des larmes naissent, à fleur de cils et vont mourir à la naissance des cheveux. C'est comme ça, et pas autrement.

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