mardi, 4 décembre 2007

MA PROPRE ENNEMIE


Pour changer certains aspects empoisonnants de sa vie, il ne suffit pas d'en avoir marre... il faut en avoir marre d'en avoir marre. Arriver au stade où l'idée d'entreprendre ces lourds changements semble moins pénible que de rester dans ses automatismes si aisés. Mais lorsqu'on en arrive à ce point sensible, c'est par où qu'on commence?

Une constatation qui revient sans cesse ces temps, cette stupeur de constater, si souvent, à quel point l'on est son propre ennemi. Son propre poison, le bâton dans la roue de sa propre vie, son propre géôlier, son fil à la patte, son flingue sur la tempe. C'est contre soi-même que l'on se débat, et dans nos propres pièges que l'on retombe sans cesse.

C'est presque l'hiver, la pluie tombe, je suis bien au chaud, perchée sur ma colline, les lumières sont douces autour de moi, la musique colle parfaitement au flux de mes pensées, une main sur ma tablette de chocolat au lait, l'autre sur une mandarine, histoire de me souvenir que Noël approche. Bientôt, je me plongerai dans un bain bouillant. Une soirée-cocon, un chapitre récurrent de ma vie de papillon. Tout est bien. Si je prenais un ascenseur méditatif et que je me mettais à contempler ma vie depuis en-haut, je ne pourrais que murmurer, doucement pour ne pas réveiller les dieux endormis: quelle chance!

Quelle chance oui, je serais la dernière des ingrates de dire le contraire. Alors quoi? Qu'est-ce que cette ride soucieuse qui se love entre mes deux sourcils? Ces étincelles qui disparaissent de mes prunelles? Ce sourire absent? Cette nuque qui se courbe? Ce poids sur mes épaules? Cette mélancolie qui transpire de tous les pores de ma peau?

L'énergie me glisse entre les doigts, les envies s'estompent ou s'enfouissent, deviennent silencieuses. Je suis ma propre ennemie, et c'est contre moi-même que je lutte chaque jour pour essayer d'enrayer les mécanismes de l'inaction et de la contemplation. Pour ne pas me perdre dans les méandres de mon esprit et me faire croire que ce que je vis dans ma tête peut être plus intense que la réalité. Je sais bien, au fond, qu'il n'en est rien, et pourtant, voilà des lustres que le mot "faire" s'éloigne du quotidien. Rêver, ça je sais, imaginer, pas de problème... mais faire... c'est une autre histoire. J'ai du mal à m'ancrer dans la matière, le temps file et moi je me défile. Me délite. Ma silhouette pâlit et mon aura gagne du terrain, délétère. The girl who wasn't there.

Une pelote entortillée entre les mains, j'imagine les heures de démêlage qui se profilent: alors, c'est par où qu'on commence?

7 commentaires:

Sophie a dit…

tu as déjà commencé!!!! Ce post en
est la preuve!

Anonyme a dit…

Beaux texte, ma copine. Et je suis heureuse que tu te mettes au tricot.
Take care

Anonyme a dit…

si tu trouve une réponse à n'importe laquelle de ces questions.. suis preneuse! c'est beau d'écrire si bien, comme quelqu'un qui met en mot mes pensées.... que la force soit avec toi!

Anonyme a dit…

c'est Jela qui a dit...

Anonyme a dit…

Quand l'inertie ne veut plus lâcher le corps et que la projection du "faire" se pavane dans l'esprit (prisonnier d'un corps qui ne cesse de rêver... oui oui, un corps rêve lui aussi), je me rappelle de ces paroles qui m'ont accompagnées des années durant, celles que je considère des plus difficiles de ma jeune vie. Les voici pour toi:
'Une vie d'Homme ne se justifie que par l'effort, même malheuereux, vers mieux comprendre. Et mieux comprendre, c'est mieux adhérer. Plus je comprends, plus j'aime car tout ce qui est compris est bien.'

En dessous ce la feuille collée sur la porte de ma chambre et sur laquelle j'ai tapé ce texte de Pauwells et Bergiers, tiré du 'matin des magiciens', il y avait une autre feuille qui contenait trois mots: ACTIVITE CONSCIENCE PERSONNALITE

Anonyme a dit…

juste....Woaow !
Quel superbe texte...
J'en demeure bouche bée, là... comme tu déchires !
ça... si c'est pas de la bombe de balle...
ça slam grave et lame l'âme ...
zen beaucoup
A quand le book ?
Big up 2u

Anonyme a dit…

Well written article.